Starfield : l’odyssée spatiale qui rêvait de dépasser Skyrim

Image d'illustration. StarfieldBethesda / PR-ADN
Bethesda aspirait à repousser les limites de l’espace avec Starfield, mais l’illusion d’infini se heurte à la banalité des décors et des interactions.
Tl;dr
- Annoncé comme une épopée spatiale révolutionnaire, Starfield n’a pas su transformer son immense promesse d’exploration libre et de mondes mystérieux en réalité tangible.
- La génération procédurale, trop timide et répétitive, remplace la richesse artisanale habituelle du studio par des environnements clonés, des structures identiques et une exploration rapidement mécanique.
- Malgré quelques concepts narratifs forts, l’écriture et les quêtes manquent d’ampleur et de personnalité, laissant un univers vaste mais sans véritable profondeur émotionnelle ou scénaristique.
L’ambition galactique de Starfield : une promesse inachevée
Lorsque Bethesda Game Studios a dévoilé Starfield, l’annonce a enflammé les imaginations des fans les plus fous. Les équipes derrière The Elder Scrolls V: Skyrim ou Fallout 4 s’aventuraient enfin dans l’espace : la promesse d’une épopée cosmique, peuplée de mondes étranges et de mystères interstellaires. Difficile alors, pour tout amateur de science-fiction, de ne pas rêver devant la perspective d’explorer des milliers de planètes, guidé par une liberté totale. Les attentes étaient immenses.
L’immensité sans relief : le revers du procédural
Mais à l’épreuve du lancement, cette immense galaxie générée procéduralement a révélé ses limites. Si les premières heures émerveillent – sortir d’une mine, contempler un lever de soleil sur une lune déserte – la magie s’estompe vite. Au fil des explorations, tout commence à se ressembler : des camps pirates clonés, des laboratoires abandonnés dont chaque détail semble recyclé d’un monde à l’autre. L’illusion d’infini tombe ; on réalise qu’on traverse un gigantesque showroom où chaque décor est un copier-coller affublé d’une couleur différente.
Le talent bridé par l’automatisation
Ce sentiment de déjà-vu n’est pas tant lié au principe du générateur procédural qu’à sa mise en œuvre bien trop timide. Bien sûr, il aurait été impossible pour Bethesda de façonner chaque planète à la main ; mais là où le studio excellait jadis dans la création d’environnements riches en histoires implicites – comme une cabane inquiétante dans Skyrim, ou un abri oublié dans Fallout 4 – le souffle narratif se dilue ici dans la répétition. Les points d’intérêt se réduisent à quelques structures standardisées qui peinent à raconter quoi que ce soit.
Pour illustrer ce problème récurrent :
- La diversité promise laisse place à des environnements interchangeables.
- Les dialogues et récompenses perdent leur singularité.
- L’exploration devient mécanique, privée d’émotion ou de découverte inattendue.
Derrière les concepts brillants, une expérience qui plafonne
Même les moments forts – tel le scénario « First Contact », censé bouleverser la narration avec la première rencontre humaine majeure – tombent à plat faute d’ambition scénaristique réelle. Ce n’est donc pas tant le recours à la génération automatique qui pose problème que l’incapacité du studio à transcender sa technologie. On sent les idées puissantes derrière chaque concept ; malheureusement, elles ne trouvent jamais l’élan nécessaire pour atteindre les étoiles. Résultat : un univers spacieux mais creux où l’on rêve d’histoires qu’on ne vivra jamais vraiment.
Au fond, c’est là toute la tragédie de Starfield. Une odyssée pleine de potentiel… qui reste désespérément rivée au sol.
