Report de l’UE : la décision de scanner les messages cryptés pour déceler la CSAM fait débat
Les détracteurs affirment qu'une telle démarche compromettrait la cryptographie et constituerait une mesure effrayante de surveillance de masse. Quels pourraient être les conséquences sur notre vie privée si une telle mesure était mise en place ?
Tl;dr
- Les discussions concernant une législation européenne sur la détection de l’abus sexuel d’enfants (CSAM) en ligne sont reportées.
- Si la loi est adoptée, les services de messagerie comme WhatsApp devront scanner les images et les liens partagés par les utilisateurs.
- Des pays comme l’Allemagne et la Pologne s’opposent à cette mesure en raison de préoccupations liées à la cybersécurité et à la vie privée.
- Les défenseurs de la vie privée critiquent cette proposition, tandis que certains plaident pour la levée de l’encryption pour lutter contre le CSAM.
Report des discussions sur la législation européenne contre le CSAM
Les pourparlers concernant une législation européenne visant à forcer les services de messagerie à détecter les contenus à caractère pédopornographique (CSAM) ont été reportés. Si cette proposition devait être adoptée, des plateformes comme WhatsApp, Messenger et Signal seraient contraintes de scanner toutes les images partagées par leurs utilisateurs, ce qui reviendrait à briser le cryptage.
Oppositions et soutiens à la législation
Pour que cette mesure soit adoptée, elle doit recevoir le soutien d’au moins 15 États membres représentant 65% de la population de l’Union. Cependant, plusieurs pays, dont l’Allemagne, l’Autriche, la Pologne, les Pays-Bas et la République Tchèque, pourraient s’abstenir ou s’opposer à cette mesure pour des raisons de cybersécurité et de respect de la vie privée, rapporte Politico.
La proposition législative, initialement présentée en 2022, vise à obliger les services de messagerie à scanner toutes les images et les liens afin de détecter le CSAM et les communications entre mineurs et potentiels prédateurs. Selon le projet de loi, les utilisateurs seraient informés de ces scans dans les conditions d’utilisation des services. Ceux qui refuseraient seraient alors bloqués pour le partage de liens et d’images sur ces plates-formes.
Réactions face à la proposition
Des critiques et des défenseurs de la vie privée ont vivement critiqué cette proposition. Meredith Whittaker, présidente de Signal, a déclaré que “le balayage massif des communications privées sape fondamentalement le cryptage”, tandis qu’Edward Snowden l’a qualifié de “mesure terrifiante de surveillance de masse”.
Cependant, d’autres soutiennent que la levée de l’encryption serait acceptable pour lutter contre le CSAM. “La Commission a proposé la méthode ou la règle selon laquelle même la messagerie cryptée peut être brisée pour mieux protéger les enfants”, a déclaré Věra Jourová, vice-présidente de la Commission européenne pour les Valeurs et la Transparence, jeudi dernier, selon EuroNews.
L’avis de la rédaction
Il est indéniable que la protection des enfants contre les abus sexuels est une priorité. Cependant, la levée de l’encryption pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la vie privée des citoyens. Il est essentiel de trouver un équilibre entre la protection des enfants et le respect de la confidentialité des communications en ligne.